Pas de loup

Encore un livre pour les tout-petits… La partie de présentation du livre est également publiée sur les vendredis intellos.

Vous connaissez peut être Jeanne Ashbé qui a fait de très nombreux livres pour les enfants. Elle est, entre autres, l’auteur de la série Lou et Mouf, de l’album des papas et des mamans dont je parle ici.

Je dois avouer qu’en commençant à travailler en bibliothèque, je n’étais pas fan de cette auteure, je trouvais certains de ses livres un peu niais, et j’ai en fait appris à l’apprécier peu à peu, pour sa vraie compréhension du développement des enfants et de leurs besoins. Ca va mieux, par exemple, montre un enfant pleurer… et toujours être consolé. Dans ses livres, les parents sont là, présents, mais les enfants prennent aussi peu à peu leur autonomie, et explorent librement…

Et puis ces dernières années, elle a aussi publié des livres différents. Le magicien aime beaucoup Parti par exemple, que je trouve idéal pour aborder, de manière imagée, la séparation (un oiseau arrive… mais il s’envole. “l’oiseau est parti, il va revenir !”).

Et puis mon collègue préféré m’ai fait découvrir Pas de loup en me disant “mon fils a adoré, il faut absolument que tu essayes avec le magicien”. Et mon fils et moi l’avons tellement adoré que j’ai décidé de le faire dédicacer à Montreuil (oui, je sais, j’avais dit que j’arrêtais d’en parler…) pour le magicien mais aussi pour l’offrir à son cousin. J’ai donc eu l’occasion de discuter un petit peu avec Jeanne Asbhé, qui est particulièrement sympathique. Et qui m’a dit que de tout ce qu’elle avait publié, c’était son livre préféré, mais qu’elle avait pris un risque en le publiant : elle savait que les tout-petits allaient le comprendre, mais que les parents risquaient de ne pas leur proposer, eux-même n’en comprennant pas l’intérêt. Et qu’en effet, alors qu’elle dédicaçait depuis un bon moment des Lou et Mouf et autres livres plus faciles d’accès, j’étais la première à choisir ce titre.

Alors je me suis dit que j’allais utiliser la casquette de bibliothécaire ET ma casquette de maman pour essayer de vous montrer pourquoi je trouve ce livre génial.

Voilà la couverture du livre en question :

pas de loup ashbé

Déjà, pourquoi ce titre ? Parce qu’il n’y a pas de loup dans le livre. Le petit lapin qu’on découvre sur la couverture et à plusieurs reprises à l’intérieur du livre peut dormir sur ses deux oreilles.

Mais aussi, parce que ce livre permet d’aller

A pas de loup vers les histoires… où tout se noue et se dénoue

(première page du livre)

A l’intérieur, chaque double page est une histoire à elle-seule, elles sont indépendantes les unes des autres. A chaque fois, une partie de la page se déplie pour faire apparaitre la “chute” de l”histoire et c’est souvent cette dernière image qui donne sens à l’ensemble de la double page. Les graphismes sont simples, avec souvent des couleurs très contrastées, donc facilement lisibles pour les tout-petits.

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On y trouve ainsi une voiture qui démare, un chat, un petit gourmand et un yaourt à la fraise, un poussin qui picore ou un lapin qui s’est endormi…

Mais la grande spécificité de ce texte est de n’être composées que d’onomatopées. Et d’onomatopées souvent proches de celles d’enfants qui babillent.

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Jeanne Ashbé à dédié ce livre à Evelio Cabrejo-Parra, psycholinguiste et vice-président de l’association ACCES. Sur la quatrième de couverture cette belle citation d’Evelio Cabrejo-Parra :

C’est un cadeau formidable que fait l’adulte à l’enfant quand il lui renvoie un écho de ses petits discours

En tout cas, mon fils a vraiment reçu ce livre comme un cadeau. Il me l’a fait lire, relire et re-relire. Il a soulevé lui-même les flaps. Il a éclaté de rire.

Et surtout, il m’a lu ce livre. A 16 mois, alors qu’il n’a que 3 mots de vocabulaire (Maman, Papa et non !). J’en suis encore toute émue. Il en reconnait chaque page, et est capable de reproduire la plupart des sons. Il éclate de rire quand la bombe explose. Il aime particulièrement cette page, il fait le bzzzzz en suivant la ligne du doigt :

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Et on sent sa fierté de lire, lui, le livre.

Ce livre est donc un vrai support d’échange avec le bébé. Ce n’est pas une lecture de l’adulte à l’enfant. L’enfant peut lire le livre aussi, ouvrir les flaps, reconnaître ses “mots” dans la bouche de l’adulte. C’est un moyen de montrer, aussi qu’on leur fait confiance. Qu’ils maitrisent et comprennent des choses qu’on ne maitrise pas forcément. Comme disait Jeanne Asbhé, même si les parents ne comprennent pas vraiment, les bébés, eux, comprennent.  C’est un livre que je suis profondément heureuse d’avoir découvert. Et que j’espère que vous aurez l’occasion de découvrir vous aussi avec un bébé.