En ce moment, je vis sur le fil.
A l’équilibre entre une vie de famille heureuse et un cauchemar de cris, d’épuisement et de contraintes.
Un pas de côté, un engrenage qui se grippe, et je risque de tomber.
Et j’ai des enfants petits. Autant dire que les engrenages se grippent facilement. Un bébé enrhumé qui se réveille du coup toute les heures la nuit, un grand qui fait une crise en se roulant par terre à un moment où il faut partir. Un énième repas qui se passe mal. Le passage en une seconde d’un moment calme au “double enfer des bichons” (l’expression est de ma belle-sœur qui a des enfants à peu près du même âge…).
Alors dire que je vis sur le fil, quelque part, c’est un peu faux.
Je suis plutôt violemment ballotée d’un côté à l’autre de ce fil.
Et la fatigue augmente la rudesse de ces changements.
j’ai l’habitude des changements d’humeur, de passer de périodes un peu euphoriques à des périodes plus difficiles. De vivre des périodes où tout me semble insurmontable, où je suis triste, sans raison particulière, où tout me semble une épreuve. Ma grand-mère résume cela par “on est fragile dans la famille”. A l’adolescence, j’avais l’impression que je ne sortirais jamais de ces phases. Depuis, j’ai appris à mieux me connaitre, à savoir que ce n’était que passager, que mon moral allait remonter. Que je n’avais pas besoin de lutter ou de m’épuiser, que les choses allaient peu à peu aller mieux. Mon entourage s’est habitué aussi, même si c’est souvent encore difficile pour l’amoureux, qui ne fonctionne pas du tout comme moi.
Alors j’essaye de relativiser.
C’est parfois difficile en ce moment.
La fatigue complique les choses. Et si j’avais appris à appréhender ces moments, à les sentir arriver, je peux maintenant basculer de l’un à l’autre en une minute.
Alors au creux de la vague, j’ai parfois l’impression que ça n’ira jamais mieux. Il y a 15 jours, j’ai écris un texto à l’amoureux où je lui disais qu’avoir eu un deuxième enfant était une énorme erreur. Et j’ai commencé un article ici (que je n’ai heureusement pas publié) où j’expliquais que j’aimais ma fille de tout mon cœur, que je ne pouvais plus imaginer notre vie sans elle, mais que je n’étais pas capable de m’occuper de deux enfants.
Et puis…
Et puis c’est passé. L’amoureux m’a aidé, et le lendemain, je me suis levée, j’ai recommencé une nouvelle journée. En serrant les dents. Et peu à peu j’ai desserré les dents et trouvé des moments dont je pouvais profiter.
Et la semaine dernière, j’ai passé 2 jours parfait avec les enfants. Oh je me suis parfois agacée, énervée, j’ai peut être crié un peu, mais j’ai profité des moments avec eux, du spectacle auquel je les ai emmené, de la joie du magicien dans le métro avec une copine, de l’histoire que je lui ai lu, du “bateau sur l’eau” avec la puce. J’étais contente de les regarder, contente d’être avec eux. Et les jours où je bossais, j’étais tellement heureuse de les retrouver le soir.
Aujourd’hui, je suis repassée du mauvais côté du fil. Et j’ai hurlé de toute mes forces sur le magicien, qui a répondu en tentant de crier plus fort que moi. J’ai crié à en avoir la tête qui tourne. Puis j’ai pleuré. Je m’accroche pour trouver une solution pour repasser de l’autre côté. Et j’espère que je vais y arriver rapidement.
Et que ces moments de basculement ne sont dus qu’aux difficultés normales d’une mère de deux jeunes enfants, et pas à quelque chose de plus difficile à réparer.
J’y consacre toute mon énergie. Et sans doute plus d’énergie que j’en ai. J’ai du faire des croix sur des choses que je trouvais importantes, je ne suis plus capable de prendre une décision ni d’anticiper quoi que ce soit, même des choses qui paraissent anodines (prendre un billet de train, prévoir une sortie). C’est souvent frustrant, ça me met parfois en colère. Mais c’est important. Et je n’ai pas vraiment le choix.
Et j’espère que très vite, je retrouverai de manière beaucoup plus durable le bon côté du fil et que je trouverai, à nouveau, que
la vie est douce.
Edit du 6 mars : j’ai publié cet article un jour difficile. Il est sans doute plus sombre que ce que je vis. Les bons moments, le positif, l’emportent sur le reste, et mes craquages durent rarement plus d’une journée. Dès le lendemain, d’ailleurs, j’ai retrouvé l’énergie et la bonne humeur nécessaire. On est allés au théâtre avec le magicien et des copines à lui, on a mangé chez nos voisins/copains et on a même réussi à manger entre adultes pendants que les enfants jouaient tranquillement dans la chambre. La puce s’est mise debout toute seule dans son lit pour la première fois. Le magicien a vu la neige pour la première fois, et on a attrapé des flocons en tendant un parapluie ouvert par la fenêtre. Et c’était chouette.