La guerre des boutons

Petite, quand j’allais chez ma grand mère, c’est-à-dire presque tous les week end, je regardais avec mes petits frères La guerre des Boutons, le vieux film en noir et blanc d’Yves Robert. Quelques années plus tard, j’a découvert avec bonheur le roman de Louis Pergaud, que j’ai lu au moins deux ou trois fois.

Encore aujourd’hui, je relis volontiers un bout du roman, et j’ai revu le film (que j’ai en DVD) il n’y a pas si longtemps. L’un comme l’autre ont le pouvoir de me rendre le sourire en une seconde.

guerre des boutons

Et puis je viens d’une famille d’enseignants. des instituteurs depuis la fin du XIXe siècle, dans un petit village ardéchois. Et c’est un peu comme l’instituteur du film que j’imagine mon arrière grand père…

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Or, deux films adaptés du roman sortent dans les 15 jours qui viennent.

Le premier réalisé par Yann Samuell avec Eric Elmosnino, Fred Testot et Mathilde Seigner (et une apparition d’Alain Chabat) :

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Le second réalisé par Christophe Barratier avec Guillaume Canet, Laeticia Casta, Kad Mérad et une apparition de Gérard Jugnot :

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C’est rare que je dise du mal d’un film avant même de l’avoir vu. Et surtout, je ne pensais pas le faire “publiquement” sur mon blog. Mais là c’est plus fort que moi.

D’une part parce que le fait que deux films sortent sur le même sujet, à une semaine d’intervalle, profitant du fait que le livre tombe dans le domaine public (bah oui quoi, on n’allait quand même pas payer les ayant-droit de l’auteur !), ça montre quand même le peu d’imagination des créateurs, et surtout à mon avis la frilosité des producteurs a investir dans quelque chose qui ne garantira pas un retour sur investissement parce que c’est un projet vraiment original. Pas vraiment positif pour le cinéma, donc.

Mais surtout parce que le peu que j’ai lu ou vu de ces films me suffisent pour affirmer qu’ils vont être mauvais, ou tout au moins pas à la hauteur de mon imaginaire et de mes souvenirs. Dit comme ça, ce n’est pas une critique très constructive. Donnons des arguments :

Ce roman est politiquement incorrect, même près de cent ans avant sa parution, c’est ce qui le rend jubilatoire. Le jeu entre l’écriture construite des passages narratifs et la langue très orale, même si désormais très passée de mode, des dialogues. Et le film d’Yves Robert suit le même chemin. Le voir adapté par Barratier, réalisateur de films consensuels et dégoulinants de bons sentiments (comment ne pas faire une overdose de bons sentiments devant les choristes ?), c’est assez desespérant. Habiller d’un slip les enfants qui dans le roman comme dans le film combattent nus est un bon exemple de ce traitement politiquement correct.

Et cerise sur le gateau, l’ajout d’une pauvre petite fille juive à sauver rend déjà la bande annonce consternante. Franchement, quel est l’intérêt d’ajouter ça ?

Quel est l’intérêt de déplacer la date de déroulement des évènements? Yves Robert l’avait déjà fait, mais pour insérer le film à une époque contemporaine, ce que l’on peut comprendre. Mais là, pourquoi ce choix arbitraire des années 60 pour le premier, de la seconde guerre mondiale pour le second? Parce que finalement tout ça a peut d’importance, tant qu’on peut donner une impression de rétro (à grand renfort de traitement sépia de l’image, visible dès la bande annonce pour le film de Barratier).

Dans le roman, ce sont réellement les enfants qui sont au coeur de l’intrigue. C’est également le cas dans le film d’Yves Robert. Pourquoi alors vouloir à tout prix mettre en avant les adultes ? Pourquoi ressortir toujours les mêmes acteurs, d’ailleurs ? (voir ce que je disais sur la frilosité des producteurs et des créateurs qui ne misent que sur des valeurs sûres).

Enfin, pour ce qui est de la partie technique, même si j’avoue ne pas y connaitre grand chose, leur petite course pour sortir leur film le premier me fait douter de la qualité de la post-production (à peine plus d’un mois entre la fin du tournage et la sortie pour le deuxième film!).

Voilà un article pour vous conseiller de ne pas aller au cinéma (même si vous constatez en lisant l’article que le premier film trouve davantage grâce à mes yeux que le second)… Mais précipitez-vous sur le roman et sur le film d’Yves Robert. Et oui, je suis certaines que vos enfants vont adorer ce film, même s’il est ancien, même s’il est en noir et blanc. Parce qu’il aborde des sujets qui parlent aux enfants d’aujourd’hui : amitié, rivalité entre bandes, bagarres, cabane dans les bois…

Moi, je vais au moins essayer de profiter de ces films pour mettre en avant le roman à la bibliothèque. S’il est emprunté dans les temps qui viennent, je me dirai que la sortie de ces films aura quand même servi à quelque chose…